Kellé vous guide vers l'art à Paris

?>

Actualité – ADOLFO WILDT: une heureuse rencontre, à découvrir absolument !

En avril 2015, le musée de l’Orangerie (en partenariat avec la Fondation Cassa dei Risparmi de Forli) consacrera une importante rétrospective au sculpteur « Adolfo WILDT (1868-1931) le dernier symboliste ». C’est donc l’occasion de présenter la première œuvre de cet artiste qui a intégré en 2013 les collections du musée d’Orsay : « Vir temporis acti » ou « Uomo antico » que l’on peut voir actuellement à l’exposition « 7 ans de réflexion. Dernières acquisitions au musée d’Orsay ».
Rendons nous dans la salle qui illustre les acquisitions dans le domaine des Arts décoratifs et de la peinture italiennes qui puisent à la fois dans les styles de la fin du XIXème et du Liberty italien (Art nouveau en Italie), marqués par le Symbolisme et la Sécession viennoise (courant de l’Art nouveau qui s’est épanoui en particulier à Vienne au début du XXème et auquel appartient Gustave Klimt).

adolfo6

« Vir temporis acti »
En regardant cette œuvre, on est saisi tout d’abord par les forts accents expressionnistes donnés par la torsion du cou, l’inclinaison de la tête, l’exacerbation des traits du visage, la puissance des arcades sourcilières et des orbites. On remarque ensuite le caractère décoratif et très précis du tracé des cils, le dessin géométrique et régulier de l’ondulation des cheveux. Sur le plan plastique, le travail des plans, le jeu sur les pleins et les vides, le reflet des ombres et lumières sur le bronze lisse relèvent d’une maestria incomparable et font de l’ensemble une sorte d’exaltation, d’incantation à l’art de la sculpture.

Il s’agit de la tête d’un homme aux bras et jambes tronqués, avec une épée en bronze plantée dans la terrasse, une œuvre à l’origine en marbre, créée en 1910, qui a été perdue pendant la 2ème guerre mondiale et dont Adolfo Wildt avait retaillé les parties pour réaliser le buste ou la tête seule, en marbre et en bronze. Cet homme serait un soldat, une représentation symbolique de la souffrance.

Mais qui est Adolfo Wildt ?
Un sculpteur quasi inconnu en France et reconnu tardivement en Italie comme une des figures majeures de la 1ère moitié du XXème siècle, capable d’inventer une oeuvre très personnelle et aussi de confronter l’art du passé à celui de son temps en Italie et en Europe.

Né à Milan, il est formé par 2 maîtres, Giuseppe Grandi et Federico Villa, les deux versants opposés de la sculpture milanaise de l’époque. Il devient un virtuose du marbre, de la technique. Il expose son premier marbre à 26 ans en 1894 à la Triennale de Brera, puis pendant 20 ans un mécène allemand, Franz Rose, le libère de toute préoccupation matérielle.

A cette époque de transition du début du XXème siècle, dominée à Paris par la figure de Rodin mais où les sculpteurs de l’époque recherchent un nouvel univers formel (Cf. la magnifique exposition de 2009 au musée d’Orsay « Oublier Rodin ?») Adolfo Wildt est plus tourné vers l’Europe centrale, la Sécession viennoise. Mais lui aussi sera très marqué par le sculpteur français.

La complexité et la multiplicité de ses références stylistiques peuvent le rendre inclassable mais ici, dans l’œuvre, Vir temporis acti on peut retrouver aisément  les accents de la sculpture hellénistique (Le groupe du Laocoon), maniériste, baroque, de Rodin (Les Bourgeois de Calais) , et le côté décoratif du gothique nordique (Le tombeau de Gaston de Foix) et de la Sécession Viennoise (Judith II de Klimt).

Du vivant du sculpteur, l’accueil critique de son oeuvre sera sujet à de nombreuses controverses.

Une visite inattendue au musée Ca’Pesaro de Venise où sont exposées quelques œuvres d’Adolfo Wildt, et où l’on présente en vis-à-vis une copie des « Bourgeois de Calais » de Rodin, me laisse anticiper une très belle exposition à l’Orangerie que j’espère visiter en votre compagnie.

A suivre donc : je vous donne rendez-vous sur ce blog après la présentation de l’exposition par les commissaires

adolfo1adolfo2adolfo3adolfo4

Comments are closed.